Pour Clara, de Grand-Mère
Octobre 2022

HANOUKAH……… UNE HISTOIRE DE MIRACLES En Anglais

1 a

Quand Orit ouvrit les yeux ce matin-là, elle entendit la voix sonore de Zohar, la servante.
- Debout les filles ! Ce n’est pas le moment de rester au lit! Ecoutez donc le chant des oliviers que nous apporte le vent d‘automne? Allez ouste, debout! C’est le bon jour pour aller remplir nos jarres d’huile fraiche si vous voulez déguster plus tard mes succulents beignets bien dorés et arrosés du miel de nos champs! 
Orit et Lia sautent de leur lit et ouvrent grands les pans de la vaste tente familiale. Après un rapide lavage avec l’eau du puits voisin et quelques ablutions rituelles, elles remercient D.ieu de revoir la lumière du jour. Elles s’enfilent avec gourmandise un bol de jus de grenade fraiche et une galette de blé que Zohar leur a préparée.
Orit a treize ans; elle est blonde, grande et très sportive. Elle attache toujours ses tresses dorées avec une barrette de bois d’olivier. Elle n’a peur de rien, ni des aigles qui tournoient dans le ciel à la recherche des agneaux de la vallée du Jourdain, ni des chacals qu’on entend parfois hurler dans le désert de Judée.
Lia a seulement onze ans, des boucles brunes en désordre que Zohar n’arrive jamais à démêler. Rêveuse, plus réfléchie qu’Orit, elle aime lire, dessiner, courir entre les vignes; allongée dans l’herbe, elle adore regarder les nuages qui s’enfuient dans le ciel et les formes étranges qu’ils dessinent.
Chaque automne, quand la saison des olives arrive, Orit et Lia ont toujours hâte de dévaler les pentes du Mont des Oliviers pour retrouver leur grande amie Thalie. Car Thalie, malgré ses douze ans, est aussi grande et dégourdie qu’Orit, aussi artiste que Lia, et surtout toujours prête à tenter toutes les aventures!

Pourtant, hélas, leur amitié n’est pas du goût de tout le monde!  Loin de là ! Voici pourquoi: Thalie est grecque, et Orit et Lia sont des filles d’Israël.
Et alors? C’est quoi le problème?
C’est que bien sûr, j’ai oublié de vous le dire, mais cette histoire vraie s’est déroulée quelques siècles avant JC. 

Or, à cette époque lointaine, le climat entre les Grecs et les Hébreux est devenu terrible.
Depuis que le Roi grec Antiochus Epiphane est arrivé au pouvoir, la guerre est partout dans toute la région. Les Grecs ont en plus décidé de convertir de force tous les hébreux à la religion des Dieux grecs de l’Olympe et les Juifs résistent!
C’est la panique parmi les Juifs désemparés et certains même abandonnent leur foi.
Et depuis deux semaines, la situation empire: les soldats d’Antiochus Epiphane non seulement terrorisent les Hébreux mais, terrible nouvelle:  le chandelier d’or du Temple de Jérusalem a été volé. Rien ne va plus ! Mais trop c’est trop!! C’est la Révolte: le Grand Prêtre Matityahou, petit-fils de l’ancien Grand Prêtre Yohannan, a réuni ses fils, les Maccabés, pour se réfugier dans les collines de Judée. Le moment est venu de résister par les armes et d’organiser le combat!

Mais vous vous demandez sans doute qu’est-ce qu’Orit, Lia et Thalie ont à faire dans cette histoire et ces combats?
Eh bien, c’est parce que d’un côté, Lia et Orit sont les filles de Juda, l’ainé des Maccabées, et donc les petites filles du Grand Prêtre juif Matityahou. 
De l’autre, Thalie appartient à une grande famille de savants et poètes grecs, proches d’Antiochus Epiphane: elle est la petite fille de Thalès, le grand mathématicien grec! Vous savez bien... celui du théorème!
Mais s’il n’est pas difficile de comprendre à présent pourquoi leur amitié n’est pas du goût de tout le monde, par contre, comment bigre se fait-il que Lia, Orit et Thalie soient devenues amies, mais surtout le soient encore, elles dont les familles sont maintenant les pires ennemies?

Patience ! Remontons un peu le temps ! 
Aux temps lointains du règne du Premier Roi Antiochus, et même si la Judée et Jérusalem avaient été conquises, la paix régnait:  Antiochus respectait les coutumes religieuses des Juifs et les Juifs, celles des Grecs. Quant au grand-Père de Thalie, le grand poète et grand mathématicien Thalès, il avait justement accompagné à Jérusalem Antiochus pour écrire le récit de ses victoires sur l’Egypte, Rome et surtout la Judée.  Mais surtout, encore plus important, Thalès, grâce à son esprit logique et mathématique, aidait les géomètres et les architectes grecs dans leur planification des routes et des forteresses de son vaste empire.
Or, à cette époque de paix entre les Hébreux et les Grecs, voici que Thalès, le grec, s’était lié d’amitié avec Yohanan, le Grand Prêtre juif, très respecté, du Temple de Jérusalem.
C’est ainsi que Thalès lui avait appris à connaitre les heures du jour grâce à l’ombre du soleil sur l’immense cèdre, à l’entrée du Temple… et comme ça, le Grand Prêtre juif savait toujours avant tout le monde quand allait tomber le Shabbat! 

De son côté, le Grand Prêtre Yohannan avait enseigné à Thalès, le Grec, la sagesse du Roi Salomon et tout le monde était content.
Et, autre bonne nouvelle, cette amitié masculine avait été contagieuse: leurs épouses Calliope et Myriam, puis leurs filles, Clio et Tsipora, et maintenant surtout leurs petites filles, les héroïnes de notre histoire, Thalie, Orit et Lia…..   étaient aussi devenues de très bonnes amies.
Cette vieille amitié née aux temps heureux continuait donc malgré l’hostilité générale entre les juifs et les Grecs.

Revenons donc à ce matin d’automne où Orit et Lia, le petit déjeuner avalé ne pensent à rien d’autre que de retrouver Thalie et de courir avec Zohar remplir leurs paniers d’olives.
Pourtant, la maison est étrangement silencieuse.

  • Notre père est déjà parti? demande Orit.
  • Depuis longtemps, répond Zohar, la servante, qui soudain fond en larmes
  • Qu’y a-t-il, explique-nous. Il est arrivé quelque chose de grave? demande Orit.
  • Je ne sais pas, mais j’ai entendu votre mère dire qu’Antiochus a levé une armée importante pour en finir avec les Juifs.

Lia pâlit et Orit décide d’aller voir très vite ce qui se passe.

  • Allez viens!  Vite chez Grand-Père Matityahou, dit Orit. Il nous dira ce qui se passe: les oliviers attendront!!

La situation s’avère grave. Grand Père Matityahou qui était aussi le Grand Prêtre du Temple de Jérusalem, n’est plus là.
Le ciel est si clair qu’on aperçoit au loin Jérusalem, ses murailles et le Temple où l’on ne peut plus aller prier depuis que les Grecs l’ont profané et que le chandelier d’or a été volé.
-Zohar, demandent Orit et Lia, c’est vrai qu’Antiochus a vraiment levé une grande armée ? Et que notre père et nos oncles n’ont rassemblé que quelques milliers d’hommes? Qu’allons-nous devenir si les soldats grecs arrivent ici jusqu’à Modiin?

  • Ne craignez, rien, répond Zohar, Di.eu est avec nous et nous allons tous partir dans les collines de Judée. Nous y serons plus en sécurité.
  • Mais tes mains tremblent, Zohar, dit Lia.
  • C’est simplement le froid de l’automne qui cette année commence tôt. Ne vous faites pas de souci. Allons récolter les olives. Nous en aurons besoin pour remplir nos jarres, si nous voulons éclairer nos nuits noires et rallumer le chandelier d’or du Temple, quand nous l’aurons retrouvé après la victoire.
  • Lia et Orit se regardent avec inquiétude lorsqu’elles entendent soudain le signal habituel: un chant de flûte. C’est Thalie qui du fond de la vallée les appelle, gravit lentement les flancs de la colline des oliviers puis s’arrête en leur faisant de grands signes.
    -Tu comprends ce que Thalie nous dit? demande Lia.

    Oui, bien sûr, elle nous dit de ne pas aller plus loin et qu’elle aussi doit redescendre. D’ailleurs regarde, elle redescend en courant, répond Orit.
                - Attends, regarde bien, elle nous montre autre chose, ajoute Lia.
                -Tu as raison: elle agite son bras en direction de sa maison. Je vais lui dire qu’on a compris.
    Orit qui est la plus grande, agite alors ses deux mains au-dessus de sa tête, très haut, signe qui signifie entre elles depuis longtemps «on est d’accord». 

    - Zohar, il faut quitter Modiin et se réfugier dans les grottes des collines de Judée? Demande Lia.
    - Non, répond Zohar, vous, vous restez ici!
    - Hors de question de rester à mariner ici, dit Orit. Nous, on grimpe vers les collines de Judée, on rejoint Grand Père Matityahou, notre père, nos oncles, et nos soldats. Toi, Zohar, tu fais ce que tu veux, mais nous on ne va pas moisir ici.  Allez, Lia, prends ton sac de toile noir et lace tes sandales solidement. Noue ton foulard blanc bien serré sur ta tête, je vais faire pareil. 
    Avant même que Zohar ait pu protester, les deux sœurs couraient et devinrent très vite deux petits points noirs au loin, dans la vallée.
    Elles marchèrent de longues heures, se désaltérant en mâchouillant les baies rouges des buissons. Enfin, elles arrivèrent près du camp des Hébreux. Elles se firent toutes petites. Personne ne devait les apercevoir.
    Le Grand Prêtre Matityahou était entouré de ses fils. Croyant sa fin proche, il les avait appelés et leur faisant promettre de continuer de se battre pour défendre la Torah, il leur dit :

    • Vous suivrez toujours les conseils de votre frère Simon, le sage.
    • Mais, pour combattre, vous obéirez à votre frère Juda le fort, Juda Maccabée et vous veillerez à mettre vos mères, vos femmes, vos filles et vos servantes à l’abri.  

    Grand-Père Matityahou avait malheureusement aperçu Lia et Orit et, furieux, leur père Juda Maccabée leur ordonna de s’en aller sur le champ rejoindre leur maman, ce qu’elles firent, gravissant à nouveau les collines, accompagnées de Zohar qui était partie à leur recherche et les avait donc retrouvées.
    Les combats durèrent de longs jours. Orit et Lia qui se demandaient comment elles pouvaient aider leur père Yehuda ou le grand père Matityahou, n’avaient pas d’idée: de plus, Zohar les surveillait pour qu’elles n’essaient pas de s’en aller.
    Les nouvelles des combats semblaient bonnes: car bien qu’en plus grand nombre, l’armée d’Antiochus ne parvenait toujours pas à vaincre les Hébreux menés par les Maccabées.
    Puis, la situation s’aggrava:  Orit entendit Zohar expliquer qu’Antiochus, excédé et pressé d’en finir, avait levé une armée de plus de 40 000 hommes mais que les Maccabées n’avaient pas du tout été effrayés par cette nouvelle.
    Orit et Lia étaient convaincues que Zohar leur mentait pour les rassurer. Alors, pour en avoir le cœur net, à peine la nuit tombée, elles décidèrent de partir rejoindre leur père.

    Arrivées près du camp, elles eurent juste le temps d’entendre leur père et l’armée jurer de combattre jusqu’à la mort, de défendre leur foi et de reconquérir le Temple. Mais un souci les travaillait: qu’allait devenir Thalie, si les Grecs étaient vaincus? Seraient-ils tous tués?  Elles décidèrent alors d’implorer leur père pour que Thalie ait la vie sauve.
                -Mais qu’est ce que vous faites encore ici ! dit Juda furieux.  Mais non, on ne va pas tuer tous les Grecs, ni Thalie, ni sa famille! Quand l’armée d’Antiochus verra que nous sommes les plus forts, devant la perte de leurs soldats, ils fuiront et, avec eux, tous les Grecs et leurs familles et ton amie Thalie aussi. Et maintenant je ne veux plus vous voir!!

    Rassurées, elles regagnèrent alors Modiin sans que Zohar se soit aperçue de leur absence.  

    Yehuda Maccabée rassembla alors son armée à Mitspa; c’était une petite cité, sur une des collines proches de Jérusalem, où le Prophète Samuel, des siècles auparavant, avait rassemblé le peuple d’Israël pour combattre les Philistins et après avoir prié D.ieu, la victoire avait été remportée.
    A leur retour, les combats reprirent et les Hébreux réussirent à vaincre l’armée d’Antiochus: ils se dirigèrent alors vers Jérusalem, pour la libérer.
    Ils pénétrèrent alors dans le Temple, enlevèrent les guirlandes de roses accrochées partout et brisèrent toutes les idoles qui y avaient été placées. Yehuda et ses hommes décidèrent de construire un nouvel autel et comme le chandelier d’or avait été volé, les Maccabées se mirent à en fabriquer un nouveau d’un métal moins précieux.  
    Les femmes brodèrent une magnifique étoffe pour servir de manteau pour le nouvel autel:  Orit et Lia eurent l’honneur, après quelques jours, de l’apporter à leur père.
    Mais elles durent rester dehors, car les femmes n’étaient admises à l’intérieur du Temple que dans une seule cour, dont elles ne pouvaient pas sortir, ce qui les enrageait, et ça, depuis longtemps.
    Assises par terre, elles collèrent alors leur oreille sur le mur.
    Elles entendirent soudain le Grand Prêtre dire qu’avant de consacrer à nouveau le Temple au D.ieu d’Israël, il fallait nettoyer le temple de fond en comble, et que pour le purifier, ensuite, il faudrait de l’huile pour le chandelier.
    Or, il n’y avait malheureusement que quelques gouttes d’huile dans la petite fiole qui avait été retrouvée.
    - On va en chercher!! dit aussitôt Orit, debout sur ses deux jambes. Allez viens!
    - Bien sûr mais où?  Répond Lia. Avec la guerre, je sais qu’il n’en reste plus une seule goutte à la maison.
    - On ne va pas à la maison!! On va chez Thalie ! J’espère qu’elle est encore là. Allez, dépêche. Sa maison est loin.

     Ni une ni deux! Orit et Lia franchissent les murailles par une des portes de Jérusalem. Elles arrivent à la maison de Thalie. Vide. Personne. Tout le monde s’est enfui.  Il ne reste rien.  Mais la maison n’a pas été saccagée. Près du four en briques, il y a juste une marmite de terre cuite, cassée.

    Lia et Orit sont très tristes:

    • Bon, on s’en va, allez viens, dit Orit.
    • Attends, répond Lia, allons voir la petite cour derrière où nous nous retrouvions avec Thalie, Peut-être qu’avant de partir, elle a pensé à nous, ses meilleures amies ?
    • T’es vraiment sentimentale et naïve, répond Orit. Le départ a dû se faire tellement dans la panique!!
    • Eh bien moi, même dans la panique, j’aurais pensé à Thalie. D’ailleurs, tout au long des combats, j’ai pensé à elle, à notre amitié et à l’horreur de ces combats. Mais quand j’ai demandé à notre mère pourquoi? Elle m’a juste répondu que les hommes, tous les hommes, s’entretuent parce qu’ils aiment être les plus forts. Mais notre père est alors arrivé et en l’entendant me répondre ça, il s’est mis en colère et lui a crié qu’elle était comme toutes les femmes, qu’elle ne comprenait rien et qu’il s‘agissait d’un combat pour la survie de notre peuple, de notre foi contre une civilisation de barbares et d’idolâtres. Tu en penses quoi, Orit?
    • Ecoute, ce n’est pas le moment Lia, mais tu as raison, après tout, allons dans la petite courette, près de notre olivier.  On y a tellement joué……

    L’olivier est là. Ses branches sont chargées d’olives vertes qui ne sont pas encore mûres.
    Lia et Orit se sont assises à son pied et soudain, Lia voit dans l’écorce, une petite fente d’où dépasse semble-t-il, un drôle d’objet.

    Elle tire et fait tomber un caillou blanc, tout plat sur lequel est écrit en très petites lettres: «mes très chères amies, Lia et Orit, vous m’avez tellement manqué, mais on doit partir. Près du four de briques, je vous ai laissé une toute petite cruche d’huile de ces olives que nous ramassions ensemble. Et quand vous la goûterez, vous penserez à moi comme je penserai à vous. Et qui sait, peut-être un jour, nous nous retrouverons». Thalie.

    Pas une minute à perdre. Leurs larmes à peine séchées, Lia met le caillou dans le pli de sa tunique. Elles courent vers le four de briques, trouvent la petite cruche cachée dans les cendres, tout au fond. Orit l’enfouit dans sa tunique et les voilà qui filent vers le Temple. La petite porte dans les murailles de Jérusalem est entrouverte. Elles se faufilent et personne ne les arrête. Le temple est gardé par les hommes de Juda Maccabée.
    - On n’entre pas!!
    - Nous sommes les filles de Juda Maccabée et nous devons lui parler, alors tu dois nous   laisser entrer, plaide Lia.
    - Il n’est pas là ! On n’entre pas! Et, d’ailleurs, qui me dit que vous êtes ses filles, allez filez!
    - S’il n’est pas là, alors je veux parler à notre oncle Simon, va le chercher, ordonne Orit.   C’est de la plus haute importance.
    L’autorité d’Orit a dû impressionner le gardien.
    - Bon, j’y vais, mais vous ne bougez pas d’ici !!

    Aussitôt qu’il est parti, Orit et Lia s’engouffrent à l’intérieur du Temple, mais à part la courette des femmes qu’elles connaissent, elles ne savent pas où trouver leur oncle Simon. 

    Alors, Orit grimpe sur un petit muret d’où elle aperçoit le Grand Prêtre Matityahou, leur grand-père.  Elle l’appelle doucement. Mais il n’entend pas. C’est vrai qu’il entend un peu moins bien maintenant.
    Alors, elle lui fait des grands signes. Peine perdue. Il ne regarde pas dans leur direction.
    - On fait quoi? chuchote Lia qui regarde le soleil se coucher avec une certaine inquiétude.
    - On attend, répond Orit. Quand le soleil se sera couché, on sortira et on apportera la petite cruche d’huile dans la petite pièce où parait- il se trouve l’autel.
    - Mais, on n’a pas le droit d’y entrer! Il pourrait nous arriver malheur!
    - On verra bien. En attendant, reposons-nous, on a tellement marché que je suis épuisée.

    Le soir est tombé. Les quelques femmes qui étaient dans la petite courette du Temple sont parties. Le silence retombe sur Jérusalem et le temple du Roi David. Lia s’est blottie contre Orit et s’est assoupie. La lune s’est levée. Depuis la petite pièce où se trouve leur grand-père, le Grand-Prêtre Matityahou, seules quelques prières s’élèvent dans la nuit étoilée.
    Tranquillement, Orit se lève alors et, silencieusement, elle entraine avec elle Lia. Elles se laissent guider dans le temple endormi par le chant du Grand-Prêtre.
    Les voilà au seuil de l’autel.
    Alors, sans faire un bruit, Orit sort de sa tunique la petite jarre d’huile et la dépose sur le seuil de la porte entr’ouverte.
    A pas de velours, les filles de Juda Maccabée vont partir lorsque, soudain, le Grand Prêtre se retourne.

    • Chut, Grand-père, fait Lia avec un grand sourire, voilà, en montrant du doigt la petite jarre posée sur le sol.

    Et avant que Matityahou ait pu dire un mot, elles ont déjà filé dans la nuit étoilée de Jérusalem.

    Et c’est ainsi que le lendemain, le 25 kislev, le Grand Prêtre put allumer le chandelier avec l’huile de cette petite cruche.
    Bien sûr, ensuite, tout le monde le sait et le raconte depuis lors, le miracle, c’est que cette huile, supposée ne devoir brûler qu’un seul jour, brûla huit jours!
    C’est, bien sûr la joyeuse fête de Hanoukah! La fête aux huit lumières, la fête des cadeaux!

    Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que le premier miracle fut le fruit d’une grande amitié, celle qui unissait Thalie, Orit et Lia, par-delà la guerre, par-delà la haine.
    Et qui sait si ce n’est pas à cause de l’amitié de ces trois jeunes filles que le miracle des huit jours se produisit?

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