Il était une fois, une petite fille câline, moitié garçon manqué moitié petite fille qui s’appelait Lisou-Bisou.  Son vrai prénom, c’était Héloïse parce que H est la huitième lettre de l’alphabet et qu’elle était née après sept garçons. Mais quand elle était bébé, ses sept frères avaient décidé qu’ils l’appelleraient Lisou, car c’était beaucoup plus mignon qu’Héloïse. Seulement Gillou, le numéro 6, qui avait seulement deux ans, au lieu de dire « Lisou », disait toujours « Bisou », comme les bisous de Maman. Alors il fut décidé de l’appeler  «  Lisou-Bisou ».

Lisou-Bisou aimait l’aventure et tout ce qui était nouveau la passionnait. Elle habitait la Cité des fauvettes. Parmi ses frères, Félix était son préféré. Elle était rieuse, avait des couettes brunes retenus par des chouchous et parfois, un petit nœud de velours de couleur pour tenir une mèche qui lui chatouillait le nez, car elle tombait toujours La maison était petite, pleine de chansons et de lits superposés : tous les enfants dormaient, en effet, dans une grande chambre bleue au ciel étoilé.

Ce jour-là, c’était samedi et il n’y avait pas d’école. Lisou-Bisou était restée dormir chez ses grands-parents avec Gillou et Félix, qui eux aussi avaient voulu rester. Ils aimaient, en effet, dormir dans la chambre des enfants car, sur le mur, Grand-Père avait dessiné et peint l’arche de Noé, cette histoire ancienne  avec tous les animaux, la mer,  le soleil et le ciel, un grand bateau, et au loin, une île avec des fleurs et des palmiers verts. Alors, quand de leurs lits, les enfants regardaient les murs, ils se croyaient en vacances : ils entendaient le bruit des vagues, respiraient le parfum des fleurs, grimpaient aux palmiers, montaient sur le dos des animaux….un vrai bonheur.

Un drôle de petit déjeuner

Ce samedi matin, ils avaient à peine ouvert un œil que la voix joyeuse de Grand-Mère  chantait dans leurs oreilles.

Trop tard. Lisou-Bisou, emportée par son élan, dégringola au milieu des bols, des céréales, du lait, de la confiture.  Grand-père, Gillou et Félix  riaient, riaient mais Grand-mère n'était pas contente du tout. Le lait s’était renversé. La confiture de myrtilles coulait partout.
Le couvercle de la boîte de cacao s’était ouvert, le cacao était partout  et les céréales s’étaient mises à pleuvoir sur la table et par terre. Seul, Isi, le petit chat était content et  se régalait.

- Te fâche pas, Grand-mère, je vais tout ramasser, promit Lisou Bisou
- Oui, Grand-mère, ne te fâche pas, on va aider Lisou-Bisou à tout essuyer, ajouta  Félix.

Grand-père  qui  n’aimait pas qu’on gronde les enfants, prétendit qu’en réalité,  tout ça, c’était la faute du singe des céréales.
- ils ont voulu jouer comme sur la boîte de corn-flakes avec les lianes. Laissez, les enfants, je vais aider Grand-mère à tout nettoyer. Allez jouer.

- A quoi, demanda Lisou-Bisou ?  A cache-cache ?
Tout le monde fut d’accord, même Grand-père qui décida qu’il jouerait aussi et qu’il essuierait plus tard.

- Alors, Grand-père, c’est toi qui compte et nous on se cache ? proposa Félix.

Grand-père fut d’accord et se mit à compter.
- Un, deux trois quatre…. je compte jusqu’à dix. Attention! Je viens vous chercher, dit Grand- père en  ouvrant les yeux.
Gillou et Félix s’étaient cachés sous la table de la salle à manger. Comme ils riaient, Grand-père les avait entendus et les avait trouvés tout de suite.  Mais où était passée Lisou-Bisou?

Mais où est passée Lisou-Bisou ?

Suivi de Félix et de Gillou, Grand-père passa dans toutes les pièces de la maison.
Ils  regardèrent sous les lits, sous les tables, dans la douche, dans la baignoire, dans tous les placards, derrière le piano à queue, dans la grosse corbeille où Grand-mère rangeait son linge……
Pas de Lisou-Bisou. Mais où s’était-elle donc cachée ?

- Ils se remirent à chercher, derrière les rideaux,  à côté des valises que Grand-père rangeait dans son placard à outils,  sur le balcon,  dans le placard à balais.
Pas de Lisou. Bisou.  Mais où s’était-elle donc cachée ?
Soudain, ils entendirent une toute petite voix qui venait de la cuisine. Ils  y coururent mais ne virent personne.

- Je suis là, disait pourtant la voix  de Lisou-Bisou.
- Mais où, on, ne te voit pas ?
- Sur la table.
- Grand-père, Gillou et Félix regardèrent sur la table mais, à part les bols que Grand-mère avait empilés  et la boîte de corn flakes qui s’y trouvait encore, il n’y avait personne
- Vous ne me voyez donc pas ? disait Lisou-Bisou, approchez, approchez plus près.

Alors soudain, Félix poussa un grand « Oh »!
- Là!, là! Sur la boite de céréales, dans le dessin, à côté du lion et du singe, entre la petite fille et le petit garçon, regardez, Lisou-Bisou est en train de se balancer!

- Mais comme tu es petite! comment as-tu fait pour entrer dans le dessin, lui demanda Gillou.
- C’est simple; j’ai claqué dans mes doigts. Vous n’avez qu’à essayer aussi, répondit Lisou-Bisou qui continuait de se balancer au-dessus du lion.

Grand-père, Gillou et Félix claquèrent dans leurs doigts et sur la boite de céréales qui grandissait pour faire de la place à tout le monde,  on vit soudain Grand-père, Gillou et Félix suspendus aux lianes, se balançant  toujours plus haut d’un arbre à l’autre, en riant au-dessus du lion et du  singe.

- Toi qui aimes sauter, dit Lisou-Bisou à Gillou, cette fois, tu peux sauter très très haut.

Qu'est-ce qu'ils s'amusaient! Et comme le petit garçon et la petite fille du dessin étaient heureux d'avoir des amis pour jouer avec eux!
C'est alors que Lisou-Bisou eut une bien meilleure  autre idée;

- Ya pas assez de  place ici: et si on allait plutôt jouer à cache-cache  dans les dessins de la chambre des enfants. Grand-père, attrape la grande  liane et on y va! Et hop!! Au bout de la plus grande liane, ils s'élancèrent donc à travers le salon,  le couloir,  jusqu'à la chambre des enfants. Heureusement  que Grand-mère  prenait sa douche dans la salle de bains et qu'elle ne les entendait pas. Ils atterrirent sur le grand bateau, l’arche, au milieu des animaux, et à côté de Noé qui les regarda étonné. Gillou jouait avec les dauphins; Lisou-Bisou avec les licornes; Félix avec les lions et Grand-père discutait avec Noé de la météo.
Seulement, le bruit des vagues était tel que Grand-mère, croyant qu’un orage était soudain arrivé, était sortie de la douche pour voir ce qui se passait.

Finies les escapades
Alors, en un clin d’œil, Grand-père, Lisou-Bisou, Félix et Gillou se retrouvèrent assis sagement sur le tapis de la chambre  en train de faire semblant de faire  un puzzle.

- Vous êtes bien sages, dit Grand-mère.  C’est bien. Tenez, vous n’avez pas mangé les bonnes gaufres au chocolat que je vous avais préparées. Qui  en veut? demanda-t-elle.

Toutes les  mains se levèrent, bien sûr.
Assis sur le tapis, ils mangèrent leur gaufre en se léchant les doigts.
Puis Lisou-Bisou tendit son petit doigt qui avait encore un peu de chocolat à la licorne qui fit une galipette dans les vagues et disparut.
Elle disparut vraiment ?
Ben oui, hélas, car pendant que les animaux étaient montés sur l’arche, sur l’ordre de Noé, les licornes avaient continué à s’amuser dans l’eau  et le bateau était parti sans elles……
Et depuis lors, il n’y a plus de licornes sauf sur le mur de la chambre des enfants chez les grands-parents de Lisou Bisou!!!