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Lisou-Bisou : championne de corde à sauter!

La famille de Lisou-Bisou
Il était une fois, une petite fille qui s'appelait Lisou-Bisou. Elle habitait la Cité des fauvettes. Lisou-Bisou était rieuse, avec des couettes brunes retenus par des chouchous et parfois,   un petit nœud de velours de couleur pour tenir une mèche qui lui chatouillait le nez, car elle tombait toujours.
Son vrai prénom, c'était Héloïse parce que H est la huitième lettre de l'alphabet et qu'elle était née après sept garçons dont les prénoms suivaient les sept premières lettres de l'alphabet.
 Mais quand elle était bébé, ses sept frères avaient décidé qu'ils l'appelleraient «  Lisou », car c'était beaucoup plus mignon qu'Héloïse. Seulement Gillou, le numéro 6, qui avait seulement deux ans, au lieu de dire « Lisou », disait toujours « Bisou », comme les bisous de Maman.  Alors il fut décidé de l'appeler  « Lisou-Bisou»! 
 Sa maison était petite, pleine de chansons et de lits superposés: tous les enfants dormaient, en effet, dans une grande chambre bleue au ciel étoilé ?

En bas, il y avait une boulangerie d'où montaient toujours de bonnes odeurs de croissants et de gâteaux. Chaque jour, quand elle revenait de l'école, elle s'arrêtait devant la boulangerie et Coco, le perroquet, en la voyant passer, criait de sa voix perçante: «salut Bisou-Bisou, salut Bisou-Bisou ». Alors, Lisou-Bisou lui envoyait un bisou de la main en riant, et lui donnait une pistache.

Les frères de Lisou-Bisou
Donc comment penses-tu qu'une petite fille peut grandir au milieu de sept garçons?  Au milieu des camions, des garages, des patins à roulettes, des pistolets à eau et des ballons de foot?
Comme un garçon manqué!!
Comme bébé Gillou, elle apprit très vite à marcher à quatre pattes.
Comme Emmanuel, le farceur, elle sut très vite faire des galipettes avant et arrière.
Comme Dan, elle sut faire de la planche à roulettes en fermant les yeux.
Comme Charlie, elle apprit à rester la tête dans l'eau du bain en comptant jusqu'à dix.
Comme Benjamin, elle sut monter et descendre de l'échelle des lits superposés en fermant les yeux.
Mais son préféré, c'était Félix : c'est avec lui qu'elle trouvait les meilleures cachettes : dans le placard, derrière les robes de maman, dans la buanderie, dans la grande corbeille d'osier où maman pliait les serviettes de couleur et les draps fleuris qui sentaient bon la lessive.  Ils étaient inséparables. Ils dormaient tous deux dans des lits voisins et leurs têtes se touchaient. Ainsi se racontaient-ils toujours plein d'histoires merveilleuses.

 Alain avait déjà dix-huit ans et il n'habitait plus à la maison. Il étudiait dans une grande ville pour devenir docteur. Mais quand il venait à la maison, il avait toujours dans sa poche une surprise pour sa petite sœur. C'est d'ailleurs  Alain qui lui avait appris à faire de la bicyclette à deux roues. Ils faisaient la course et elle devait pédaler à toute vitesse.
- « Attention », criait la Maman, « Alain, ne va pas si vite, ta sœur est encore petite, elle va tomber… »
Mais Lisou-Bisou, un vrai bolide, ne tombait jamais! 

Puis était venu  le temps d'apprendre à nager. Félix nageait comme un poisson. Alors, quand ils allaient tous à la piscine, il prenait Lisou-Bisou sur son dos et ils jouaient aux pirates et aux flibustiers. Félix prenait

 

la casquette noire de papa, Lisou-Bisou un bandana rouge sur un œil et c'était à qui ferait dégringoler l'autre de la grosse bouée noire de caoutchouc.
Au manège, elle montait toujours sur le grand cheval blanc derrière Félix : ils montaient et descendaient tous deux en s'accrochant à la crinière dorée en criant à tue-tête : « au galop! Au galop! »  Et quand il fallait enfiler des anneaux métalliques sur le bâton, bien que ça tourne vite, Lisou-Bisou était une vraie championne!
Ah oui, j'allais oublier : elle avait deux grandes amies, Noémie qui habitait au-dessous, Judith, au-dessous, et Fatiha qui habitait au même étage.
Evidemment, Lisou-Bisou, portait toujours des salopettes, des jeans et des baskets. C'est ce qu'elle préférait.

C'est le jour de la compétition!!

Or un matin,  avant d'aller à l'école, Lisou-Bisou demanda à sa maman de bien lui serrer ses boucles dans deux chouchous : c'était jour de sport. Elle avait enfilé son short rouge, un T-shirt blanc et par-dessus, son jogging bleu marine.
- Ma parole, tu t'habilles pour la coupe du monde, s'esclaffa Gillou, en engloutissant un bol de frosties.
- Pourquoi, demanda Lisou ?

- Mais, idiote, parce que bleu blanc rouge, c'est les couleurs du drapeau français, ajouta Gillou.
- Idiot toi-même! Quelle patate, celui-là, répondit Lisou vexée, en lui tirant langue.
- On n'a pas le temps de se disputer, dit maman, dépêchez-vous, on va être en retard.

Quelques moments plus tard, après avoir déposé les garçons à l'école, au collège et au bus, maman déposa Lisou devant l'école.
- Travaille bien et sois bien sage, lui dit-elle en l'embrassant tendrement.
- Oui maman, mais tu sais, aujourd'hui, c'est un jour important : on fait le concours de la  corde à sauter, dit Lisou bisou, j'espère bien que je vais gagner. » Puis elle monta  quatre à  quatre les marches qui la conduisaient vers sa classe.
Lisou et ses copines n'arrivaient pas à écouter la maîtresse, mademoiselle Lucie. Elles  attendaient surtout le moment de la récréation.  Enfin la cloche sonna. Ce fut la course dans les escaliers pour filer dans la cour et commencer la compétition.

Qui va gagner ?

Les filles sortirent les cordes à sauter.  Les garçons, tout autour, surveillaient la grande horloge, au-dessus du magnolia dont les immenses fleurs roses ressemblaient à un bouquet géant au milieu de la cour.  Il fallait sauter le plus longtemps possible, sans s'arrêter : 5 tours en avant puis 5 tours en arrière et  surtout ne pas se prendre les pieds dans la corde. Sinon, on était éliminé.
Les filles étaient prêtes; les garçons étaient les arbitres.
- A  la une, à la deux, à la trois, partez! cria David en donnant le signal.
Alors, Lisou-Bisou, Noémie, Chloé, Françoise, Fatiha, Lucie et Charlotte commencèrent à faire tourner les cordes de toutes les couleurs, au-dessus de leurs têtes, au-dessous de leurs pieds.
Cinq en avant, cinq en arrière, en avant, en arrière…. Les pieds sautaient, les mains tournaient. Les garçons criaient « plus vite, allez, plus vite », et frappaient dans leurs mains.
« Plus vite, plus vite, facile à dire, disait  Lisou-Bisou. On voit bien que c'est pas vous qui sautez!! ».

Fatiha sautait comme un chamois, Lisou-Bisou, comme une gazelle. Noémie s'arrêta la première, toute essoufflée; puis Charlotte s'emmêla les pieds et tomba. Françoise, toute rouge, dit qu'elle était trop fatiguée. Lucie trébucha et la corde se tordit autour de sa cheville; Fatiha dit qu'elle  voulait faire juste une petite pause.
- Hors-jeu, crièrent les garçons .

Restaient en piste Lisou-bisou et Chloé.
La moitié des garçons criaient : « vas-y  Chloé, plus vite, plus que trois minutes, tiens bon, la cloche va sonner ».
L'autre moitié encourageait Lisou-Bisou : « vas-y Lisou-Bisou, plus haut …, plus que deux  minutes!! ».
Mais Chloé faiblissait et ralentissait. Comme elle faisait tournoyer sa corde plus lentement, elle s'accrocha du pied gauche : la corde s'emmêla, elle s'arrêta et s'assit sur le sol écarlate, les yeux pleins de larmes.
Lisou-Bisou, elle,  légère, sautait toujours et, du coin de l'œil, elle regarda la grande horloge.
« Ding Dong ».
La récréation est terminée et la compèt' aussi!!.
« Bravo, bravo », chanta la classe qui était à présent rassemblée autour de Lisou-Bisou.
Même mademoiselle Lucie était venue pour l'applaudir.

Lisou Bisou  sacrée championne

On lui accrocha une médaille en carton que les garçons avaient confectionnée.
Quelle fierté! 
Mais ce qu'elle garda comme un secret, c'est que Félix l'avait entraînée pendant tout le week-end, dans leur chambre. Même que la boulangère du dessous avait appelé la maman pour dire aux enfants d'arrêter de sauter car cela faisait bouger le pinceau du boulanger qui n'arrivait plus à dessiner sur les brioches, les pains au chocolat et les gâteaux les jolis dessins habituels.

Et c'est ainsi que Lisou-Bisou devint championne de corde à sauter!