oreilleEcoute

Les aventures  de  la poupée Mélodie

Dans la Cité des fauvettes, Lisou-Bisou grandissait au milieu de ses sept frères et Félix restait son préféré: il aimait toujours jouer avec elle et la défendait quand ses autres frères l'embêtaient.  La maison était petite, pleine de chansons et de lits superposés: tous les enfants dormaient, en effet,  dans la grande chambre bleue étoilée. Et de la boulangerie, en bas, montaient, chaque matin, de bonnes odeurs de croissants et de pains au chocolat.
Ce samedi-là, Lisou-Bisou était partie avec toute la famille déjeuner chez ses grands-parents. Elle avait voulu emporter Mélodie, sa première et unique poupée, cadeau de sa copine Noémie; elle avait fait sa crise,  mais sa maman avait tenu bon et  Mélodie était donc restée à la maison. Avec tous les cousins, il y avait eu une grande partie de cache-cache. On s'était déguisé, on avait fait un spectacle, on avait fait une course avec les yeux bandés : même grand-père avait joué avec les enfants.
Alors, quand elle revint à la maison, elle était bien fatiguée.  Elle s'était glissée dans son pyjama bleu et s'était endormie en une seconde. Elle avait dormi comme une marmotte. Tu sais bien, ces marmottes qui passent l'hiver à dormir dans leur terrier en attendant le printemps.

Mélodie a disparu
Mais le lendemain matin…. Une mauvaise surprise l'attendait : Mélodie n'était pas à côté d'elle.  Hop! Lisou sauta de son lit pour voir si Mélodie n'était pas tombée par terre.
Non. Rien, à part quelques cubes qui traînaient et plein de chaussures.
- Alerte! cria-t-elle pour réveiller ses frères. Mélodie a disparu!

Gillou, Félix, Dan bondirent hors de leur lit.

Quant à Emmanuel, Benjamin et  Charlie, ils se mirent la tête sous l'oreiller, furieux d'être réveillés, un dimanche, pour une histoire de poupée.
Avec Gillou, Dan et Félix, la recherche s'organisa. La maison fut fouillée de fond en comble. Même le congélateur fut ouvert et au passage, trois glaces au caramel disparurent, en guise de petit déjeuner.
Il fallut se rendre à l'évidence : Mélodie avait bel et bien disparu.  Lisou-Bisou se mit à sangloter.
- Oh! Arrête de pleurnicher, dit Benjamin; tu as dû l'oublier quelques part. On va la retrouver    cette poupée. T'as réveillé toute la maison. Pour une fois qu'on pouvait faire la grasse! 
- Non, je ne l'ai pas oubliée quelque part. Je l'ai laissée à la maison, dit Lisou-Bisou.
Un conseil de guerre fut organisé autour du petit déjeuner, dans la cuisine, tandis que les parents qui s'étaient couchés très tard, la veille, dormaient encore malgré tout le vacarme.
- Qui a vu Mélodie pour la dernière fois ?   demanda Dan.
- Avant de partir chez Grand'mère, je l'ai embrassée, répondit Lisou.
- Tu es sûre que tu ne l'as pas emmenée avec toi ? demanda Félix.
- T'es sourd ou quoi ?  Félix; puisque je te dis que je ne l'ai pas emportée! Même que je n'étais pas contente!
- Et si un voleur l'avait emportée, suggéra Charlie, qui lisait beaucoup de livres d'aventures.

A la recherche de Mélodie

Les enfants examinèrent la fenêtre de leur chambre; elle était bien fermée; mais la porte de l'entrée, à  leur grande surprise, était entrouverte!!!
Comme ils étaient tous sur le pallier, ils virent alors de la farine par terre et comme des traces de petits pas blancs qui menaient vers l'escalier.

- Les trois garçons, Dan, Félix et Gillou descendirent, pieds nus et en pyjamas, avec Lisou-Bisou l'escalier, en suivant les traces qui conduisaient dehors. Curieusement, les traces  sur le trottoir menaient vers la boulangerie et s'arrêtaient au bord de la rue.   Puis, plus rien.
Lisou  Bisou entra, suivie de ses frères dans la boulangerie.
- Vous n'avez pas vu Mélodie ? demanda–t-elle à la Boulangère, Madame Trianon,  qui était en train d'envelopper des éclairs au chocolat dans une boîte de carton.
- Vu qui ? demanda la boulangère
- Mélodie, c'est la poupée de Lisou-Bisou, précisa Félix.
- Et comme les traces de pas avaient de la farine, on a pensé que ça venait d'ici. Vous n'avez pas pris ma poupée ? Redemanda Lisou-Bisou.

Mais, Lisou-Bisou, ce ne sont pas mes garçons qui joueraient avec ta poupée, réfléchis, voyons,  répondit la Boulangère.  Allez les enfants, prenez ces croissants et ces pains au chocolat; remontez  chez vous  vous habiller et mettre quelque chose sur vos pieds.
Lisou-Bisou et ses trois frères s'assirent sur le bord du trottoir, là où les traces de farine s'arrêtaient. Les pieds dans l'eau qui ruisselait le long du trottoir, ils se régalaient avec les petits pains au chocolat tout chauds. Gillou observait la rue attentivement.  Lisou-Bisou regardait à gauche et à droite.  Toujours rien. Et de grosses larmes coulaient le long de ses joues roses. Félix les essuya avec la manche de son pyjama et la consola.
- Franchement, arrête de pleurer. Je te promets, on va la retrouver, dit-il.
Lisou, renifla un grand coup puis murmura quelque chose à l'oreille de Félix qui éclata de rire.
- Mais non, Lisou-Bisou, voyons, tu ne vas pas appeler Mélodie!!  C'est une poupée. Elle n'entend pas,  lui dit Félix
- Comment ça, elle n'entend pas, répondit Lisou-Bisou,  Mais  si si,  elle entend;  parfaitement!! Quand je lui fais des câlins, elle me fait des bisous; quand je lui dis des mots gentils, elle aussi me dit des mots gentils. Bien sûr qu'elle entend. D'ailleurs, tu vas voir.

Lisou se mit à appeler d'abord doucement puis plus fort :
- Mélodie., Mélodie… Où es-tu ? Mélodie.. … c'est moi, Lisou-Bisou,  M'entends-tu …Réponds-    moi; Mélodie, Mélodie… ? 
Soudain, on entendit un drôle d'écho,  comme si la voix de Lisou lui revenait de l'autre côté du trottoir :
- Lisou, Bisou,  Lisou, Bisou, je suis là, viens me chercher, je t'attends… .
Les garçons étaient pétrifiés.
Lisou-Bisou riait:
- Tu vois bien Félix, que Mélodie entend; elle m'a entendue. Allons la chercher. 

On a retrouvé Mélodie

Ils traversèrent la rue et, en effet, sur l'autre trottoir, ils virent des petites traces de pas enfarinés, toute blanches, qui menaient vers le magasin d'oiseaux.
Ils poussèrent la porte et quelle surprise : Hubert, le perroquet, tenait sur son perchoir, Mélodie, toute ébouriffée, et à qui il donnait, de temps à autre, des petits coups de bec qui ressemblaient à des baisers.
Lisou-Bisou voulut reprendre Mélodie mais Hubert ne voulait pas la lâcher. La bagarre commença car les autres perroquets voisins décidèrent d'aider Hubert. Tous les oiseaux dans les cages voisines se mirent à piailler. Une vraie cacophonie.
Le marchand des oiseaux bondit sur Lisou-Bisou mais Félix l'arrêta :
- Votre perroquet est un sale voleur. Il est entré chez nous et a volé la poupée de ma petite sœur et maintenant il ne veut plus la lui rendre. Je vais chercher mon père.
La boulangère était sortie et se mit aussi à crier :

- Mais c'est votre perroquet qui est entré cette nuit dans mon arrière-boutique et qui a crevé les sacs de farine; je comprends maintenant pourquoi il y avait des traces de pattes blanches partout.

Par la porte ouverte du magasin, les perroquets s'étaient tous détachés et envolés dans la rue, sauf Hubert qui tenait toujours Mélodie avec sa patte gauche.
Quel désordre! dit le policier qui  était venu rétablir l'ordre.
- Perroquet Hubert, rendez Mélodie ou je vous arrête!
Hubert baissa les yeux, secoua ses plumes vertes et tendit Mélodie à Lisou-Bisou qui l'embrassa tendrement.
- Et maintenant, les enfants,  dit le policier, rentrez chez vous, allez ouste! En voilà une tenue pour sortir dans la rue! Et vous tous, les perroquets, à mon signal, retour dans la boutique sur vos perchoirs!
Au coup de sifflet, tous les perroquets rentrèrent dans le magasin, et, très gais d'avoir fait un petit tour dehors et d'avoir vu un peu de paysage, ils chantaient à tue-tête. De quoi réveiller tous les voisins qui faisaient la grasse matinée par ce dimanche ensoleillé.
Seul le perroquet Hubert restait silencieux.
Comme Lisou-Bisou le regardait attentivement, elle vit une petite larme qui coulait le long de ses plumes vertes.
- Un perroquet qui pleure! Grave!  dit Félix en riant.

Alors Lisou, disparut. Elle traversa la rue déserte, monta quatre à quatre l'escalier de l'immeuble, poussa la porte de sa maison qui était restée ouverte et courut dans sa chambre. Elle attrapa son petit ours en peluche aux yeux bleus, tout mignon, puis dévala les escaliers. Elle traversa à nouveau la rue déserte et, tandis qu'elle serrait toujours Mélodie dans ses bras, elle tendit le petit ours à Hubert, en disant à Félix :
-  Tu sais, en fait, il se sentait simplement seul  et il voulait une copine; hé ben,  maintenant, il a    un copain!
Hubert, le perroquet regarda le petit ours aux yeux bleus,  le prit, l'embrassa et se mit alors à chanter, tout content : « merci Lisou-Bisou, merci Lisou-Bisou ».
Alors les quatre enfants montèrent en riant et chantant à la maison.  Ils sautèrent sur le lit de leurs parents qu'ils réveillèrent  car, comme ils s'étaient couchés très tard la veille, ils n'avaient rien entendu…….. histoire